A Dunwich, une petite ville du Massachusetts, un prêtre se pend dans un cimetière. A New-York, une médium voit mentalement cette scène et en meurt au cours d'une séance de spiritisme. Un journaliste décide d'enquêter sur cette ville mystérieuse...
Ce film a la particularité de se passer dans la ville de Dunwich, ce qui suffit à en faire une œuvre intéressante pour les fans de Lovecraft. Toutefois, il faut savoir qu'il a été raccourci de quelques minutes par la cesnure française, qui a coupé les trois séquences les plus gores : une jeune fille vomit ses propres tripes sous l'effet de la terreur, une cervelle est arrachée, un jeune homme se fait fracasser le crâne avec une perceuse industrielle. Ces scènes sont néanmoins incluses dans les vidéos françaises de ce titre, à l'exception de la cassette South Pacific Video. Lucio Fulci est né à Rome en 1927. Il commence à faire des films dans les années 1950, puis, pendant toutes les années 1960, oeuvre dans des genres populaires assez variés (comédies, westerns spaghettis...). Enfin, il se met à réaliser des thrillers horrifiques à la mode italienne (les "giallos"), comme La longue nuit de l'exorcisme (1972) ou L'emmurée vivante (1977).
Frayeurs prend donc place dans la ville de Dunwich. Toutefois, les éléments du Mythe de Cthulhu sont absents, la prophétie reposant plutôt sur un folklore chrétien. Dunwich est construit sur les ruines de Salem, la ville des sorcières. Mais il y a des éléments assez lovecraftiens dans l'intrigue : une population de paysans assez dégénérés, un livre contenant des révélations... Enfin, la structure du film est très proche de celle d'un scénario pour L'Appel de Cthulhu : un journaliste vient enquêter sur une petite ville de Nouvelle-Angleterre, et découvre qu'une prophétie risque de s'y réaliser s'il n'intervient pas avant la Toussaint.
Ce film crée à Dunwich une ambiance très pesante et sinistre, typique des films de Fulci. L'horreur est ici au premier degré : il n'y a pas d'humour décalé pour venir adoucir les moments les plus durs. Les rues sont en permanence parcourues par un vent malsain chargé de poussière. Fulci nous présente aussi une communauté de paysans particulièrement méchants et stupides. Les événements horrifiques sont tous efficaces et très originaux (une pluie de vers grouillants s'abat sur des personnages), tandis que le scénario réussit à maintenir un rythme terrifiant et lent tout : on ne s'ennuie pas une seconde. La musique, vraiment excellente, vient souligner l'efficacité de certains tours de force (la découverte du sanctuaire sous le cimetière...).
Frayeurs est vraiment un film angoissant, maîtrisé de bout en bout, Fulci y installe une ambiance gothique extraordinaire. Il s'agit bien d'un des chefs-d'oeuvre de la grande époque du cinéma d'épouvante italien, un cinéma imaginatif, cruel et audacieux qui nous manque beaucoup aujourd'hui.